mercredi 5 décembre 2007

Henri POURRAT à Ambert et Paris



Henri Pourrat a vu le jour le 7 mai 1887 à Ambert, en Auvergne, pays qu’il ne cessera d’évoquer dans son oeuvre au point de n’apparaître, aux yeux de beaucoup, que comme un auteur régionaliste.

A l’exception d’une année passée à Paris, au Lycée Henry IV, il ne quitte sa terre natale que pour de rares et brefs déplacements. Il est admis en 1905 à l’Institut national agronomique mais, atteint de tuberculose, il doit renoncer aux études et revient dans sa famille. Il s’impose une vie calme et régulière. Ses journées sont consacrées à l’écriture, aux promenades dans la campagne et à la lecture. Il publie ses premiers textes en 1906 dans des revues locales.

Sa santé fragile l’exonère de la mobilisation au moment de la déclaration de guerre en 1914. Le conflit lui inspire « Les montagnards ». Le livre est publié en 1919.
Avec son frère Paul, Henri se lie d’amitié avec un autre Ambertois qui deviendra, lui aussi, un auteur reconnu : Alexandre Vialatte. Leurs relations épistolaires se composent d’un millier de lettres écrites de 1916 à 1959 témoignant d’une profonde amitié propice à l’échange en toute franchise de leurs avis et de leurs expériences.
Il rencontre Jean Paulhan en 1920.
En décembre 1921, il obtient le prix du Figaro pour le premier tome de « Gaspard des Montagnes ». Dix ans plus tard, c’est l’ensemble des quatre volumes qui est récompensé par le grand prix du roman de l’Académie Française.

« Les vaillances, farces et aventures de Gaspard des montagnes » est un livre mettant en scène un paysan de la région d’Ambert, Gaspard. Le héros participe, malgré lui, aux sanglantes campagnes napoléoniennes et, rescapé des massacres, revient au pays après la défaite de la Grande Armée. Il se trouve rapidement plongé dans une succession d’aventures où l’auteur mêle les contes, les légendes et des faits réels comme l’assassinat du propriétaire du moulin à papier « Richard de Bas ». S’ouvrant sur « Le château des sept portes », l’ouvrage est articulé autour de « veillées », ces longues soirées d’hiver durant lesquelles les anciens contaient des histoires devant la cheminée.

En 1928, il épouse Marie Bresson au Vernet la Varenne et publie « Ceux d’Auvergne ».
L’année suivante, son père décède. En 1930, il voyage dans le midi et publie le tome 3 de « Gaspard des montagnes ». C’est aussi l’année de la naissance de Françoise, sa fille aînée.

Son oeuvre est riche d’une centaine d’ouvrages : romans, biographies, essais historiques, philosophiques et religieux, contes… Parmi tous ses écrits, citons « Histoire des gens dans les montagnes du centre », « Le mauvais garçon », « Châteaux en Auvergne », « L’homme à la bêche », « Histoire fidèle de la bête en Gévaudan »… Loin d’être le prétexte à un régionalisme désuet, sa province natale est le cadre privilégié pour comprendre et mettre en valeur la nature sauvage et, témoin d’un ordre universel, le lien qui unit étroitement les paysans et la terre. De lui, Marie-Aimée Méraville n’a-telle pas écrit que « De ce sens cosmique, Henri Pourrat est aujourd’hui l’un des principaux répondants. »

En 1941 Henri Pourrat reçoit le prix Goncourt pour « Vents de Mars ». Les dernières années de sa vie sont entièrement consacrées au monumental « Trésor des Contes » auquel il attachait une grande importance.

Je me souviens, par une matinée glaciale de l’hiver de 1954, d’une silhouette qui apparut au bout d’une ruelle d’Ambert. L’homme portait un chapeau et ses épaules étaient recouvertes d’un manteau ou d’une cape. Ma mère me dit : « Tu vois cet homme là-bas ? C’est l’écrivain Henri Pourrat ». Je conserve un souvenir intact de cette fugitive rencontre comme de celle que je fis en 1965 dans une librairie du centre de Clermont-Ferrand avec le regretté Bernard Noël. L’acteur interprétait alors le rôle de Gaspard des montagnes pour l’adaptation télévisée qui était en train d’être réalisée au milieu des landes et des bois du Livradois qu’Henri Pourrat n’avait cessé d’aimer et d’évoquer jusqu’à cette journée du 16 juillet 1959 où il mourut.